conscience vraie

Edgar Morin

Éthique
La méthode 6

Edgar Morin

- Seuil 2004 -

Ethique, Edgar Morin

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1 - 1) Avant propos

2 - Morceaux choisis, citations

1ère partie : La pensée éthique et l'éthique de la pensée

2ème partie : Éthique, science et politique

3ème partie : Auto-éthique (page 2)

4ème partie : La socio-éthique (page 2)

5ème partie : Antropo-éthique (page 2)

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1 - Avant propos

Plutôt que de rédiger une synthèse, j'ai choisi de sélectionner des phrases tout au long de ce livre. Je ne voulais pas intervenir sur la Sémantique d'Egar Morin pour cet ouvrage, mais reproduire mot pour mot sa pensée, si proche de la mienne. Publier des extraits peut être discutable puisque de ce fait on les retire de leur tout. Cependant, j'ai reproduit la totalité des titres de chapitres, de paragraphes et sous-titres afin que chaque phrase soit localisée. Cette présentation permet également d'avoir un aperçu de l'étendu du travail d'Edgar Morin sur son sujet, l'éthique, et de toutes ses nuances.

J'ai cependant quelques (rares) points de divergence. J'ai en effet relevé quelques sujets qui méritent, à mon sens, d'être relativisés, en particulier concernant le pardon et le déni. (Mes notes sont présentées de façon diférenciée) Ceux-ci ne représentent qu'une exception à l'ensemble du livre qui exprime un niveau de clairvoyance et d'universalité remarquables.

2) Morceaux choisis, citations

Première partie : La pensée éthique et l'éthique de la pensée

I - La pensée éthique

"Ainsi tout se passe comme si chaque individu-sujet comprenait en lui-même un double logiciel, l'un commandant le "pour soi", l'autre commandant le "pour nous" ou "pour autrui". L'un commandant l'égoïsme, l'autre l'altruisme. La fermeture égocentrique nous rend autrui étranger, l'ouverture altruiste nous le rend fraternel. Le principe d'égocentrisme porte en lui la potentialité de concurrence et d'antagonisme à l'égard du semblable, voire du frère et conduit Caïn au meurtre.(...)

La reliance éthique (p. 16)

Tout regard sur l'éthique doit percevoir que l'acte moral est un acte individuel de reliance : reliance avec autrui, reliance avec une communauté, reliance avec une société, et à la limite reliance avec l'espèce humaine. (...)... individu et société ont double nature.(...)

Les sources de l'éthique sont également naturelles dans le sens où elles sont antérieures à l'humanité, où le principe d'inclusion est inscrit dans l'auto-socio-organisation biologique de l'individu et se transmet via la mémoire génétique. Les sociétés de mammifères sont à la fois communautaires et rivalitaires." (...) Les individus sont dévoués à leur progéniture, mais aussi parfois capables de manger leurs enfants. (...)

Le sentiment de communauté, au sein des sociétés historiques est et sera source de responsabilité et de solidarité, elles-mêmes sources de l'éthique. Grâce au langage, l'éthique de communauté devient explicite dans les sociétés archaïques, avec ses prescriptions, ses tabous, et son mythe d'ancêtre commun.(...)

L'autonomie morale (p.18)(...) Les progrès de la conscience morale individuelle et ceux de l'universalisme éthique sont liés.

La modernité éthique, les grandes dislocations (p. 19)(...)Depuis Machiavel, l'éthique et la politique se sont trouvés officiellement disjointes dans la conception où le Prince (le gouvernant) est tenu d'obéir à l'utilité, et l'efficacité et non à la morale. (...)

Le développement technique, inséparable des développements scientifiques et économiques a permis le surdéveloppement de la rationalité instrumentale, qui peut être mise au service des fins les plus immorales.(...)

L'individualisme éthique (p.21)(...)une distanciation s'effectue entre l'éthique individuelle et celle de la cité.(...) l'égocentrisme se développe dans tous les domaines...(...)

Il y a érosion du sens sacré de la parole donnée, du sens sacré de l'hospitalité, soit l'une des racines les plus anciennes de l'éthique. La profanation de ce qui fut sacré entraîne sa profanation.

Boucle reliance

La crise des fondements (p. 22)(...) Le sens de la responsabilité est rétréci, le sens de la solidarité est affaibli.(...)

Ressourcer l'éthique (p. 25)(...)

Cette régénération peu partir du réveil intérieur de la conscience morale, du surgissement d'une foi ou d'une espérance, d'une crise, d'une souffrance, d'un amour, et aussi, aujourd'hui, de l'appel qui vient du vide éthique, du besoin qui vient du dépérissement éthique.

Il ne s'agit donc pas pour nous de trouver un fondement pour l'éthique, mais à la fois de la ressourcer et de la régénérer dans la boucle de reliance : individu - espèces -société

Boucle cosmique

II - Le ressourcement cosmique

Les sources de la reliance (p.30)(...)

"A l'échelle des individus comme celle de l'histoire humaine, nous vivons dans la dialogique créatrice destructrice :ordre - désordre - interactions - organisation

"...la conscience humaine est à la fois fragile et hyper-minoritaire. (...) L'Organisation fonde l'unité du multiple et assure la multiplicité dans l'un ; elle introduit les émergences, qualités et propriétés inconnues au niveau de ses constituants isolés ; elle engendre des métamorphoses. Sans organisation, l'univers ne serait que dispersion. (...)

L'humaine reliance (p.32) (...)

Beaucoup de sociétés historiques ont considéré comme vital de se relier au cosmos dans des cultes aux souverains célestes, Soleil et Lune, et dans des rites accomplis, non seulement pour bénéficier de l'aide et de la protection des dieux, mais aussi pour renouveler les énergies cosmiques, comme les rites aztèques sacrifiant des centaines d'adolescents pour aider le Soleil à se régénérer. Le lien entre mort et régénération est profondément inscrit dans nos mythes et les sacrifices sont des rites où l'on met à mort pour régénérer.(...)

Nous sommes intégrés dans le jeu (tétragramme) cosmique entre forces de reliance et force de déviance, forces d'organisation et forces de désorganisation, forces d'intégration et forces de désintégrations, soumis à toutes les ruses du diabolus (le séparateur) et pratiquant les ruses qui consistent à utiliser le diabolus pour relier à travers la séparation, au-delà de la séparation, et à utiliser la mort (irrémédiable séparation d'atomes et molécules) pour nous régénérer.(...)

L'éthique est pour les individus autonomes et responsables, l'expression de l'impératif de reliance. Tout acte éthique, répétons le, est en fait un acte de reliance, reliance avec autrui, reliance avec les siens, reliance avec la communauté, reliance avec l'humanité et, en dernière instance, insertion dans la reliance cosmique."(...)

L'amour est l'expression supérieure de l'éthique.... l'amour a toujours besoin d'une conscience rationnelle en veilleuse.

(...)

Au coeur du mystère (p.35)... "Pourrons-nous un jour comprendre le mystère de la reliance cachée ? le mystère de la deliance invisible ?"

III. L'incertitude éthique

Le principe d'incertitude dans la relation intention-action (p. 39)(...) et l'Écologie de l'action (p.40) (...) "Ainsi l'action risque non seulement l'échec, mais aussi le détournement ou la perversion de son sens." ... Les effets de l'action dépendent non seulement des intentions de l'acteur, mais aussi des conditions propres au milieu où elle se déroule.

Ainsi, en concevant le contexte de l'acte, l'écologie de l'action introduit

l'incertitude et la contradiction dans l'éthique".

- Limite de la prévisibilité (p. 41) (...)

- Double et antagoniste nécessité du risque et de la précaution (...)

- Inconscience ou négligence des effets secondaires pervers d'une action jugée salutaire (...)

- Incertitude dans la relation entre la fin et les moyens (p.43) (...)

- Permutation de finalités selon les circonstances (...)

Dans l'impossibilité d'un succès, ne faut-il pas recourir à une éthique de la résistance ?

Dérives et inversions (p.44)(...)

En situation de guerre ou d'occupation, l'obéissance aux ordres de torture ou d'assassinats provoque la dégradation morale de ceux qui ne peuvent ou n'osent s'y soustraire. Une expérience de Stanley Milgram illustre la dérive par soumission à l'autorité..."

"N'est-ce pas la médiocrité qui serait à la fois le jouet et l'exécutant des plus basses oeuvres de l'histoire humaine ?"

Les contradictions éthiques (p.46) (...) Les impératifs éthiques contraires) (...)

Il y a les contradictions de la tolérance. Jusqu'à quel point tolérer ce qui risque de détruire la tolérance ?

... l'impératif universel peut disparaître au profit de l'impératif particulier (les siens)... De même nous devons affronter le conflit entre les injonctions antagonistes de préserver l'immédiat et le moyen terme.

La dialogique éthico-politique (p. 51) (...)

L'incertitude et contradiction éthiques dans les sciences (p.52) (...)

Hiroshima a révélé que les pouvoirs bienfaisants de la découverte scientifique pouvaient s'accompagner de pouvoirs terrifiants.(...)

"De nouveaux progrès ont fortement ébranlé le sens de la notion de père, de mère, d'enfant et introduit une incertitude en chacune de ces notions... Notons aussi pour bientôt l'antagonisme entre liberté de choix du sexe, des traits morphologiques et des aptitudes de l'enfant, et le risque de normalisation biologique de l'être humain. Faudra-t-il éliminer les anormaux potentiels alors que nous savons que l'invention et la créativité viennent d'individus hors normes ? (...)

L'illusion éthique (p.55)

L'histoire de l'humanité nous montre sans cesse que l'amour et la fraternité, expressions suprêmes de la morale, sont faciles à tromper. (...)

L'illusion intérieure (p.56) (...)

La mémoire et l'oubli sélectifs sont ainsi des opérateurs d'illusion. (...)

Ripostes à l'incertitude et à la contradiction (p.57) (...)Puisque les conséquences d'une action juste sont incertaines, le pari éthique, loin de renoncer à l'action par peur des conséquences, assume cette incertitude, reconnaît ses risques, élabore une stratégie. (...)

Conclusion

La complexité éthique (p. 59) (...) L'incertitude s'introduit à l'intérieur du juste et du bien : Où est la justice ? Où est la vérité éthique supérieure ? Loi ? Châtiment ? Miséricorde ? Pardon ?. (...) Nous devons assumer les contradictions de l'action...

IV L'éthique de pensée

L'éthique de la connaissance et la connaissance de l'éthique (p.63)

Le lien (...) L'éthique de la connaissance comporte la lutte contre l'aveuglement et l'illusion. (...) Nous ne devons, ni ne pouvons concevoir une éthique insulaire, solitaire.

Le mal-penser (p.64) (...) "La parcellarisation, la compartimentation, l'atomisation du savoir rendent incapable de concevoir un tout dont les éléments sont solidaires, et par là tendent à atrophier la connaissance des solidarités et la conscience de solidarité. Elles enferment l'individu dans un secteur cloisonné et par là tendent à circonscrire étroitement sa responsabilité. Ainsi le mal-penser ronge l'éthique à ses sources : solidarité / responsabilité. L'incapacité de voir le tout, de se relier au tout désolidarise et irresponsabilise.

Le "travailler à bien penser(...)

- dépasse le réductionnisme et le holisme en liant (...)

- inscrit le présent dans la relation circulaire (...)

- opère ses diagnostics en tenant compte du contexte et de la relation local-global,(...)

Le "travailler à bien penser" s'efforce aujourd'hui de concevoir l'ère planétaire et d'y inscrire l'éthique. Il peut dès lors concevoir concrètement la solidarité et la responsabilité humaines dans l'idée de Terre-Patrie et régénérer un humanisme .

De la pensée complexe à l'éthique (p. 68) (...) L'éthique éclairée / éclairante (p. 69) (...)

Oui, comme nous le verrons plus loin, la morale est lucide, parfois extra-lucide, en résistant à la barbarie de l'esprit.


Deuxième partie : Éthique, science et politique

I - Science / technique / société / politique

La science aventure désintéressée est captée par les intérêts économiques, la science aventure apolitique est captée par les forces politiques, au premier chef les États. (p. 73)(...)

La tache aveugle (p. 75) (...)

De plus, l'hyper-spécialisation contribue puissamment à la perte de la vision ou conception d'ensemble car les esprits enfermés dans leur discipline ne peuvent appréhender les solidarités qui unissent les connaissances entre elles. Une pensée aveugle au global ne peut saisir ce qui unit les éléments séparés.(...)

Les compromis éthiques (...) Vers la réforme (...)

Vers la transformation de la nature humaine ?

(p. 80) (...) On va dans ce sens, vers un eugénisme préventif. (programmation génétique du sexe) On commence par éliminer dans l'oeœuf les éléments génétiques, puis on risque d'éliminer les déviants potentiels, anticipant in vivo la liquidation des déviants réels qu'ont opérée les régimes totalitaires (alors que, dans un univers totalitaire, la pathologie est celle de l'état et non pas celle des citoyens dissidents ).(...)

Conclusions

(...) La physique nucléaire avait fait exploser sa bombe au cœoeur de l'éthique. La biologie y installe une machine infernale.(...) La science est une affaire trop sérieuse pour être laissée aux mains des scientifiques.

II - Éthique et politique

(...)(p. 85) Le retour de la torture est l'indicateur sans équivoque d'une régression barbare au cœoeur des civilisations. (...)

Les grandes incertitudes (...) Réalisme et éthique (...) Le vrai réalisme se fonde sur l'incertitude du réel. (...)

Crise (p. 91)

(...) Les crises favorisent les interrogations, stimulent les prises de conscience, les recherches de solutions nouvelles, et dans ce sens aident les forces génératives (créatrices) et régénératrices sommeillant dans l'être individuel comme dans l'être social. Mais en même temps les crises favorisent les solutions névrotiques ou pathologiques, c'est à dire la désignation, la persécution, voire l'immolation d'un bouc émissaire (individu, groupe, classe, ethnie, race), la recherche de solutions imaginaires ou chimériques. (...)

Y a-t-il de l'espérance ? (p. 92)

(...) Il nous faut d'abord constater l'échec historique de toute tentative d'amélioration humaine. (...) Le mal éthique est dans la barbarie des rapports humains au cœoeur même de la civilisation. Tant que nous demeurerons tels, nous resterons et replongerons dans la barbarie."

Troisième partie - Auto-éthique >>>

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page créée en juillet 2005 republiée le : 20 juin 2011

dernière modification : le 15/07/2011

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