conscience vraie

La Stratégie

Strategie

Sommaire

Qu'est-ce que la Stratégie ?

- Définition et histoire des mots Stratège et Stratégie

Stratégie et manipulation

Les origines de la stratégie

- Jeu d'échecs

- Jeu de go

- Comparaison jeux d'echecs et de Go

Bibliographie fondamentale (page 2)

- Fiche de lecture "L'art de la guerre" de Sun Tze et Sun Bin (page 2)

Qu'est-ce que la stratégie ?

La stratégie est basée sur une démarche d'anticipation en vue d'un objectif. Elle vise à choisir des actions, à les mettre en oeuvre et à les coordonner afin d'obtenir un résultat. Dans cette optique de manœuvre qui peut dériver, seul le but recherché compte ; les moyens sont illimités et les individus n'ont souvent aucune ou bien peu de valeur pour les stratèges.

"Stratégie" est usuellement opposé à "tactique", qui pour ce dernier mot renvoie plus à une logique d'ordonnancement, de méthode. (Voir ci-dessous l'histoire du mot stratégie).

La stratégie est utilisée dans différents domaines, comme celui de l'armée (dont elle issue), de l'économie, de la politique, du management, de la communication, du sport et des jeux. Cependant elle dépasse largement ces cadres d'autant qu'ils sont combinés entre eux.

La stratégie, souvent considérée comme un art de la ruse, s'exprime sur deux axes : l'un direct, de front, visible, nous pourrions dire en lumière ; l'autre indirect, de façon dissimulée, obscur.

Ces pratiques devraient être pondérées car elles sont pour beaucoup à l'origine des manquements à l'éthique, d'abus caractérisés notamment car la stratégie intègre la manipulation. C'est ce rapport entre stratégie et manipulation qui est plus particulièrement abordé ici.

Rappelons tout d'abord la définition précise du mot.

Définitions et histoire des mots : stratège et stratégie

Le Robert - Dictionnaire historique de la langue française - page 3650 et 3651

STRATÈGE :

n.m. est un emprunt savant (1721) au grec stratêgos "chef d'armée général, "stratège (à Athènes)", "chef militaire", formé de stratos "armée", "foule", "troupe" et de agein "conduire" . Stratos, dont le sens originel est "armée installée, qui campe", se rattache à une racine indoeuropéenne ster "étendre" que l'on retrouve dans le latin sternere, stratum "étendre" (-> estrade, strate) ; agein vient d'une base indoeuropéenne ag- "pousser devant soit (un troupeau)", comme le latin agere, actum "conduire" (-> agir). A l'époque impériale, le latin a emprunté au grec le substantif strategus "général d'armée" et par figure "président (d'un banquet)".

Stratège, terme d'antiquité (1721 n.m.) aussi écrit stratègue au XVIIIè s. désigne chacun des dix magistrats élus qui, à Athènes, étaient chargés de toutes les questions militaires, en particulier de la conduite des opérations terrestres ou navales.

Avec une valeur proche le mot désigne en histoire le chef de l'administration d'un nonce dans l'Égypte hellénistique (1904) et le gouverneur d'un thème de l'Empire Byzantin.

Au XIXè s., stratège désigne par extension (1845) le général en chef d'une armée importante, qui conduit des opérations de grande envergure. Opposé à tacticien*, il désigne un spécialiste en stratégie ; cette acception est répandue à partir de la Première Guerre Mondiale ; le mot s'emploie familièrement et par ironie avec cette valeur (1909 R. Rolland), surtout dans les stratèges en chambre.

Stratège, aussi au féminin, désigne par figure (déb. XXè s.) une personne qui organise des plans à longue échéance.

STRATÉGIE :

n.f. emprunté d'abord (1562) au latin impérial strategia, du grec stratêgia, le sens de "gouvernement militaire d'une province", sorti d'usage.

Réemprunté au début du XIXè s; au dérivé du grec stratêgia "commandement d'une armée", "charge de stratège" et "aptitude à commander une armée", il désigne (1803, Bloch et Wartburg, puis 1812) l'art de faire évoluer une armée sur un théâtre d'opérations jusqu'au moment où elle entre en contact avec l'ennemi, puis, spécialement (1876), la partie de la science militaire qui concerne la conduite générale de la guerre et l'organisation de la défense d'un pays. Dans ,ces deux valeurs, le mot est opposé à tactique. Comme ce dernier, stratégie s'emploie par figure pour parler d'un ensemble d'actions coordonnées ; d'abord par métaphore du sens militaire (Pourquoi la paix n'aurait-elle pas sa stratégie ? E. de Girardin), ce sens ne s'est lexicalisé que plus tard par exemple dans stratégie électorale (stratège, en ce sens se répand peu avant 1914) ; par extension, il s'est introduit dans le vocabulaire de l'économie (1973, stratégie défensive), de la publicité (stratégie de communication) et désigne généralement la manière d'organiser une action pour arriver à un résultat.

Le dérivé stratégiste n. m. (1831, Block et Wartburg ; 1835, Académie) est un équivalent vieilli de stratège au sens militaire. Il a aussi désigné (1845) une personne qui écrit sur la stratégie.

Stratégique, adj. dérivé de stratégie ou emprunté au dérivé grec stratêgikos "d'un général" et "habile à commander", s'applique (1819) à ce qui concerne la stratégie, opposé à tactique, adj., et couramment (1872) à ce qui est relatif à l'art de la guerre.

En parlant de choses concrètes, il se dit (XXè s.) de ce qui présente un intérêt militaire, opposé par exemple à politique, économique.

L'adjectif s'emploie par extension (mil. XXè s.) pour qualifier un esprit, une intelligence apte à pratiquer la stratégie et se dit par figure et couramment (v. 1970) de ce qui est d'une importance cruciale pour la réalisation d'un plan (point stratégique).

Stratégie et manipulation

La manipulation pour demeurer invisible (ou tenter de le rester) pratique la tromperie, en faisant passer des tactiques de prédation et de destruction pour des bonnes intentions, dans une jonglerie de doubles-faces / masques, double langage, trucages sémantiques, miroirs déformants, miroirs aux alouettes, et autres artifices.

Pour mettre en oeuvre ces tactiques différentes méthodes et outils sont utilisés et stratégiquement coordonnés, en particulier dans le domaine de la communication, le cœur de la stratégie - le nerf de la guerre - étant l'information : l'information entrante et l'information émise. Ce qui renvoie à l'observation / surveillance, à l'analyse, et à la transmission.

Certaines de ces méthodes sont très structurées et répertoriées en tant que telles ou comme concepts. D'autres sont beaucoup plus diluées et difficiles à repérer d'autant qu'elles sont combinées entre elles et connues seulement des individus qui tirent les ficèles (et quelques autres...) et qui ont une vision globale.

Rappelons que Stanley Milgram a démontré que la fragmentation d'un processus de destruction (et/ou de prédation), et la répartition des actions à différents maillons de la chaîne (en cloisonnant) permet d'aller plus loin dans la manipulation aussi bien des exécutants (les petits pions) que de décideurs, car elle permet de voiler la finalité et facilite la déresponsabilisation.

"La fragmentation de l'acte social est le trait commun le plus caractéristique de l'organisation sociale du mal." (sic)

Le rapprochement avec les écrits ancestraux de stratégie militaire, comme l'"Art de la guerre" sont très facile à effectuer.

Parmi ces méthodes structurées se trouvent ce que l'on appelle les psychotechniques, souvent appelées "méthodes de communication". Ces pseudo-méthodes de communication sont en fait très efficaces pour se substituer à la vraie communication et pour la détruire. D'ailleurs elles sont répertoriées comme méthodes de manipulation quand elles sont utilisées dans les sectes (ou ce qui a été qualifié comme tel). Cependant, comme tout outil elles peuvent être utilisées soit positivement, soit négativement ; soit pour construire, soit pour détruire dans la soumission et la dépendance.

Parmi celles-ci, nous pouvons citer entre autres : l'AT (Analyse Transactionnelle), la PNL (Programmation Neurolinguistique), certaines thérapies, certains modes de coaching, mais aussi certains modes de management et beaucoup de pratiques politiciennes. Toutes ces démarches et méthodes sont souvent utilisées pour formater et pour induire ou maintenir la soumission au système. Nous pouvons le constater au niveau individuel, de groupes, et de la société toute entière au moyen d'un interventionnisme pratiqué au sein d'organisations et/ou via les médias et par les réseaux transversaux qui servent un pouvoir pyramidal .

Ces méthodes de manipulation sont pratiquées avec une telle outrance qu'elles se développent de façon exponentielle en entraînant une modification profonde de la communication et des individus eux-même. Une simple observation permet de constater à quel point les personnes sont conditionnées à pratiquer une communication artificielle qu'elles reproduisent souvent dans leurs relations personnelles.

Nous pouvons observer que beaucoup de personnes ne savent plus partager mais ne font que se consommer entre elles, en manipulant l'autre pour obtenir ce qu'elles veulent insidieusement. Elles ne savent plus nommer une chose par son nom, tellement elles sont formatées à pratiquer le double langage et les faux-semblants, et n'assument plus de la sorte ni la responsabilité de leur parole ni celle de leurs actes.

Outres les modifications profondes de leur structure psychologique, beaucoup d'individus reproduisent la violence que leur fait subir le système par la manipulation, dans un mouvement de spirale vicieux.

Pire qu'une aliénation, je pense que ces comportements pervers, dont la fausse communication est un des attributs, sont un des nombreux indicateurs d'une dégénération de l'humanité.

Ce processus comportemental est en général connu pour être celui des personnes que l'on qualifie en psychologie de "perverses" ou "perverses-narcissiques". Ce profil de personnes utilise la stratégie de manière quasi-spontanée, et ce dans son expression la plus machiavélique. Mais le conditionnement pratiqué de façon étendu incite les personnes saines à glisser vers la perversité, les rendant ainsi elles-mêmes plus manipulables par le système.

Cette pratique correspond également à la stratégie du "diviser pour mieux régner", puisque les conflits sont ainsi suscités et entretenus entre les citoyens. Ceci s'ajoute à la compétitivité agressive qui a toujours existée entre les individus désirant des ressources rares, et qui entretiennent de la sorte une hiérarchie de la dominance.

Rappelons également que les comportements manipulateurs sont répertoriés en psychologie parmi les déviances, et donc associés à des pathologies plus ou moins importantes selon les cas.

La manipulation est donc au cœur de la stratégie et la stratégie eu coeur de la manipulation et vise à une emprise, un contrôle de plus en plus étendu des individus et de leur vie. Les moyens d'intervention sont multiples.

Un exemple flagrant est le voyeurisme et l'interventionnisme pratiqués par la télé-réalité qui est un des moyens utilisés pour faire intervenir - sous le couvert de bonne intentions - des pseudos-normes dans des domaines de vie privée. De cette manière, il est dit aux personnes ce qu'il est bon ou mauvais de faire dans des domaines intimes ou la norme ne devrait pas avoir sa place. Qui plus est, bien souvent des comportements dégénérés sont plébiscités, de même qu'interventionnisme et utilitarisme sont associés.

Le conditionnement ainsi opéré et le caractère exponentiel du déploiement de ces pratiques sont déjà avérés, et permettent d'entrevoir l'objectif poursuivi d'un contrôle et d'une aliénation toujours plus étendus.

D'où l'importance d'une prise de conscience et de faire face en répondant par une stratégie humaniste. Cette stratégie humaniste passe par une démarche individuelle ; elle est l'affaire de chacun. Le fonctionnement de la société est avant tout la résultante des comportements individuels. Comme pour l'effet papillon, chaque comportement a en fait un impact considérable sur l'état global de la société. Chacun de ces comportements porte une part de responsabilité sur ce qu'est le système et la manière dont il se comporte, ce qu'il fait subir à tous, et de ce que va devenir le futur sur lequel nous sommes tous engagés.

Cette démarche peut se réaliser par des choix et des actions simples :

. Choisir de ne pas reproduire la violence du système avec, au minimum, une pratique qui consiste à ne pas faire à autrui ce que l'on ne voudrait pas que l'on nous fasse. Ceci implique de ne pas tricher avec soi-même, d'avoir une une conscience saine (par opposition à la conscience fausse qui est programmée et entretenue dans notre société) ;

. Résister et développer ainsi sa force;

. Savoir désobéir ;

. Cheminer dans une démarche de Connaissance, à commencer par celle des mécanismes pervers inhérents à la manipulation, qu'elle soit individuelle ou collective et qui passe souvent par le langage, par la parole ;

. Développer sa capacité de discrimination, et une vision du monde à long terme ;

- Redonner leur sens aux mots et aux actes ;

...

Le travail que chaque personne peut faire sur elle-même, de par ses choix de comportements, est probablement une des rares thérapie pouvant soigner en profondeur notre civilisation malade.

Origines de la stratégie :

sunzi, sun tse, sun wu

Les premiers traités de stratégie connus dates de plusieurs siècles avant Jésus Christ ; notamment parmi les plus anciens de la Chine antique "L'art de la guerre" de Sunzi (appelé aussi, Sun Tse, Sun Tze, Sun Wu de son vrai nom) date de l'époque du Printemps et Automnes, VIIe-Ve s. av. JC. Ce traité fut connu en Europe à partir de 1772 grâce à la traduction du père JJ. Amiot.

L'aspect synthétique de l'analyse de la guerre de Sun Wu a rapidement séduit ainsi que l'importance accordée à la stratégie indirecte. Les principes généraux en sont : "connaître son adversaire, attaquer en priorité sa stratégie, éviter sa force, le décevoir et le manipuler." (sic)

Si Sun Wu et Sun Bin préconisent l'usages de ruses, de feintes, de tromperies ou encore de manifestations d'écrasante supériorité pour annihiler la volonté du camp adverse, cette stratégie répondait à des objectifs différents de ceux de la guerre telle qu'elle est conçue en Occident.

L'objectif évoqué était de limiter les actions de destruction au strict nécessaire, de les éviter le plus souvent possible, car à cette époque les guerres frontales entraînaient de grandes pertes humaines. Cet ouvrage promeut surtout la ruse pratiquée à son extrême afin de contraindre l'ennemi à abandonner la lutte et obtenir la victoire à moindre coût.

Nous retrouvons cette opposition - entre tuer et obtenir l'abandon de la lutte - dans les deux jeux de stratégie que sont le jeu d'échecs et le jeu de go.

Jeu d'échecs

Le jeu dont l'objectif est de détruire, de tuer

Echecs

"Les échecs" : jeu dans lequel deux joueurs font manœuvrer l'une contre l'autre deux séries de 16 pièces diverses, sur une tablette divisée en 64 cases. Les pièces sont : roi, dame ou reine, fou, cavalier, tour, pion - Petit Robert -

échec et mat

"échec" : venu du persan par différents intermédiaires (arabe, latin) shah (sah) qui veut dire "roi"... et de l'expression "as-sah mat(a)", qui signifie : le roi est mort !

"mat" : est emprunté de l'arabe (vers 1155) mât(a) "mort"

Un peu d'histoire...

Echecs, Indes
(image © BNF)

Le jeu d'échecs a fait sont apparition en Inde au XIe siècle de notre ère, dans un contexte de fortes luttes entre principautés rivales. Cependant, on trouve des traces d'un jeu qui pourrait être son ancêtre bien avant, dans l'Inde védique, 2000 ans avant Jésus Christ. D'après la légende, l'inventeur présumé des échecs serait un brahmane nommé Sissa. Il aurait inventé le Tshaturanga pour distraire son prince de l'ennui et lui démontrer les dangers qui guettent un roi mal entouré.

Le jeu d'échecs indien était bien différent de celui qui nous est familier aujourd'hui. Il a évolué au cours du temps et de ses pérégrinations, tant par ses pièces que ses règles, en s'imprégnant des valeurs sociales inhérentes aux cultures qui l'ont adopté.

Echecs, Perse
(image © BNF)

A la fin fin du XIe s. le jeu est transmis en Perse. La diffusion du jeu va être assurée par l'expansion de l'Islam, via l'Espagne musulmane, puis l'occident chrétien (fin du Xe s.). A l'Est, le jeu est transporté par les caravanes en Chine (le long de la route de la soie) et au Japon (en passant par la Corée). Au nord, les routes commerciales permettent l'arrivée des échecs vers les populations scandinaves et Russes (XIe s.)

Echecs, Renaissance
(image © BNF)

En France, la stratégie des échecs médiévaux est assez difficile à répertorier, mais les traces que nous avons permettent de considérer une stratégie très primaire où la tactique relève surtout du jeu de massacre.

Le principe de ce jeu était que "l'un prenne l'autre" ; mais cela ne consistait pas seulement à tuer le roi, mais aussi à dévaster son jeu. C'est au XVIIIe s. que des stratégies de mises en échec seront élaborées.

C'est à la Renaissance que les règles actuelles ont été adoptées. Un des éléments fondamentaux de cette évolution est le rôle de la reine. La reine a été la dernière venue des pièces, au moyen-âge, avec un rôle restreint de par ses déplacements très limités. C'est à la fin du XVe que son mouvement s'amplifie lui donnant ainsi une force considérable. A la Renaissance, la reine est désormais la pièce la plus puissante de l'échiquier.

Le Jeu de go

Le jeu de stratégie dont le but est de conquérir des territoires, en évitant de combattre, et de construire sur l'abdication

Définition

Go

"Go (mot japonais) : Jeu japonais d'origine chinoise dans lequel deux joueurs font manœuvrer des pions (go-ishi) blancs contre des pions noirs sur damier (goban) comprenant 19 lignes horizontales et 19 lignes verticales se coupant en 361 intersections, le vainqueur devant placer ses pions de manière à délimiter un territoire plus vaste que celui de son adversaire." - Petit Robert -

Pions de Go

Les pions sont appelés : "pierres"

Un peu d'histoire...

Joueurs de Go
(picture © Jeu de Go )

Le jeu de Go est probablement le jeu le plus ancien du monde. Son ancêtre est un jeu chinois, le wei qi (wei-ch'i). Son origine remonterait au "printemps des automnes", soit du XIIe au Ve siècles av. JC. La légende dit qu'un empereur aurait inventé ce jeu pour éduquer son fils tout en le distrayant. (Plusieurs versions existent datées différemment). Plus tard, sous les Hanz (206 av. JC / 220 ap. JC), le wei qi deviendra un jeu de stratégie militaire.

weiki

Le wei qi (ou weiqi) est basé sur la sagesse, le calme, le labeur ; il renvoie à la persévérance, la prudence, le sens de la durée. On lui reconnaît des filiations avec le taoïsme, le confucianisme, le yi jing (philosophie des mutations du monde), et la stratégie de Sun Tze (ou Sunzi, Sun Wu,...).

Le weiqi est aussi une représentation de la cosmologie chinoise, une quête spirituelle sur l'harmonie des principes élémentaires et complémentaires.

Le Wei qi a longtemps été un jeu élitiste. Dans la culture chinoise, ce jeu fait partie des quatre arts auxquels doivent se consacrer les érudits, avec la musique, la calligraphie et la peinture. C'est à partir du VIIIe s. (dynastie des Tang) qu'il va se généraliser et s'ouvrir à toutes les classes sociales.

Joueur de Go

Pour ce qui est de sa migration géographique, c'est au IIè s. ap. JC que le weiqi passe en Corée, puis au Japon au VIè s. où il devient le Go.

Au XIè s., le Go fera son apparition en Europe ; mais c'est seulement à partir du XIXè que l'intérêt pour le Go devient significatif. Le jeu de Go connaît une explosion au Japon depuis le XXè s. avec aujourd'hui 10 millions de pratiquants réguliers et un rayonnement en constant développement dans les autres pays.

Comparaison jeu d'échecs et jeu de Go

Les principales différences entre les Échecs et le Go - qui sont en premier lieu d'ordre philosophiques - portent sur l'échelle, la finalité, mais aussi les moyens. Les Échecs reflètent une vision à court terme, le Go, une vision à long terme. Avec l'approche militaire, il s'agit d'une bataille pour le premier, d'une campagne pour le second. Pour les échecs il s'agit de tuer, pour le Go de conquérir des territoires, avec une vision architecturale qui utilise fortement l'intuition et la créativité.

Les pièces du jeu d'échecs sont très hiérarchisées et sont au service du roi, tandis que celles du Go ont toutes la même valeur ; valeur qu'elles pourront augmenter, en fonction de l'évolution du jeu, en déployant/améliorant leur place. Les pièces du jeu d'échec ont pour mission de protéger leur roi, qui prend part au combat. La figure représentative du pouvoir est absente dans le jeu de Go. La stratégie consiste à déplacer des masses d'hommes (symbolisés par les pierres) qui vont concevoir ensemble et mettre en oeuvre la victoire.

La philosophie du Go est basée sur l'évitement des affrontements traduisant directement l'enseignement de Sun Wu (Sun Tze, Sunzi), le "Sage de la guerre" qui affirmait : "Le comble du savoir-faire ne consiste pas à remporter toutes les batailles, mais à soumettre l'armée ennemie sans livrer bataille". Sunzi propose une stratégie dont l'étude "permet d'analyser la guerre pour défendre la paix et pour opposer une guerre juste à une guerre d'agression".1

A noter, quand même qu'une des principales tactiques mises en oeuvre dans le Go est l'encerclement. "Wei qi" (le nom du jeu ancêtre du Go) signifie littéralement, le jeu de l'encerclement. Le pion encerclé n'a plus de "qi" ("qi" signifie "énergie" en chinois et par extension peut s'interpréter "air" ). Le "qi" est de par ailleurs défini par Sunzi et Sun Bin - dans le cadre de la stratégie militaire - comme l'opposition de méthodes de combat variées et imprévues aux tactiques régulières (stratégie indirecte).2

Cependant, la partie ne se finit pas sur l'élimination des partenaires, mais sur une convention, une négociation.

Au-delà du jeu, et de l'usage de ces stratégies...

Le jeu de go comme le jeu d'échecs ont de tout temps été utilisés comme support pédagogique pour former à la stratégie, en particulier pour la guerre sous toutes ses formes ; et toutes ne se passent pas sur un champ de bataille reconnu comme tel...

Le jeu de Go n'a pas échappé non plus aux modes (récupérations) managériales ; il fut un temps où il était enseigné à des hommes d'affaire français pour être compétitifs vis à vis des japonais.

Les approches managériales de "conduite du changement" semblent également s'inspirer de la philosophie chinoise (et d'autres cultures aussi anciennes) de transformation des mondes, basée sur une théorie du chaos d'où a émergé, par la séparation, les deux entités dualistes et complémentaires du yin et du yang.

De par sa configuration le jeu de go représente un système de modélisation permettant d'analyser différentes situations sociales, et l'élaboration de stratégies pour la gestion des conflits.

Il est encore aujourd'hui utilisé dans certaines approches économico-sociales, parfois avec une réelle intention de contrecarrer la stratégie des killers, pour limiter les dégâts dans un monde où les rapports de force sont sans limites.

Cependant, et contrairement à la tendance répandue, je pense qu'il faut se garder de tout manichéisme dans l'opposition qui est faite entre la stratégie des échecs et celle du Go. En effet, si cette opposition est bien réelle au niveau du fonctionnement de base de ces deux jeux - les échecs visant à tuer, et le Go cherchant à conquérir des territoires - nous pouvons observer une hybridation dans l'utilisation qui en est faite. La stratégie indirecte - pratiquée dans la société - vise bien la conquête obscure des territoires, mais dans le but de contrôler ou de détruire tout ce qui gène au profit d'une minorité. La guerre ne se situe plus entre "rois", mais entre coalitions (souvent entrelacées) - dont une est prédominante - avec des territoires autres que géographiques. Il s'agit d'une guerre transversale, de réseaux. Elle est permanente contrairement aux jeux et aux guerres reconnues comme telles, qui ont un début et une fin.

Certains font une analogie entre le jeu de Go et Internet, en tant que modèle permettant de penser l'interconnectivité et la survie des groupes en réseaux. Mais là encore il faudrait pondérer car il n'y a pas les réseaux prédateurs d'un côté et les bienfaiteurs de l'autres. Une majorité de réseaux sont infiltrés par les réseaux sous-terrains de pouvoir. La visibilité de l'organisation citoyenne en réseau entraîne une facilité à les identifier ainsi que les personnes en faisant partie, et donc une facilité à les controler.

La principale façon de ne pas faire le jeu des réseaux obscurs prédateurs et de leur stratégie demeure l'auto-ethique pratiquée par le plus grand nombre de personnes possible.

Bibliographie fondamentale >>>

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Liens internes

Bibliographie fondamentale sur la stratégie : SunZi (L'Art de la Guerre), Artasastra (Kautilya), Nizam al-Mulk(Traité du gouvernement), Machiavel (Le prince)

Sur le jeu, voir la Fiche de film : Rollerball

Sur la théorie du jeu dans le management et les organisations, voir ma critique du livre de Michel Crozier : L'Acteur et le Système

La page sur La Stratégie du choc de Naomi Klein

La parole et la conscience manipulés - (stratégie de manipulation du langage)

Récapitulatif des documents relatif à la manipulation publiés sur ce site

Liens externes :

- Le livre des mutations (ou transformations) : Le Yi King, fait partie des livres les plus importants de la littérature universelle. Il appartient au patrimoine de l'humanité. Il est à la base de la philosophie chinoise d'où se sont construits le confucianisme et taoïsme.

- Yi Jing / Yi King sur Wikipedia (résumé)

- Une page sur le King qui permet de visualiser les signes de base et leur signification

- Page sur Confucius / synthèse

- Jeu d'échecs :

- Histoire du Jeu d'échecs sur le site de la Bibliothèque nationale de France (avec de nombreux liens)

- Jeu de Go :

- jeudego.com

- Au Go aussi, l'Homme surclassé par la machine

page créée le : février 2004 republiée le : 20 août 2011

Quelques mises à jour : 22 juillet 2021

Raccourcits documentation :
Conscience et Ethique - Droits de l'homme - Edgar Morin : Ethique et Bibliographie - Michel Crozier : l'Acteur et le Système - Stanley Milgram : Soumission à l'Autorité - Obedience to Authority, Stanley Milgram - Manipulation Mentale - Harcèlement Moral et/ou harcèlement Sexuel - La stratégie du choc - Réseaux et/de pouvoir - Stratégie - Cinéma, Films, vidéos -

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